Assurance-ch�mage: les solutions impossibles pour r�sorber le d�ficit

Si le patronat et les syndicats divergent sur les solutions à apporter aux problèmes de l'assurance-chômage, au moins pourront-ils s'appuyer sur des documents de diagnostic fiables. Les experts de l'Unedic (le gestionnaire du régime) ont en effet produit une série d'études que les partenaires sociaux ont trouvé sur la table, vendredi, lors de la séance d'ouverture des négociations.

La première montre l'ampleur des défis financiers. Si la hausse du PIB suit le consensus des économistes (1,1% en 2015, 1,4% en 2016, 1,6% en 2017), la dette de l'Unedic atteindra 37,2 milliards d'euros en 2017. Et si la croissance économique s'avère conforme aux prévisions, plutôt optimistes, du gouvernement (1,7% en 2015, 2% en 2016, 2% en 2017), elle sera de 31,2 milliards. Car, même dans ce scénario plus favorable, l'Unedic sera encore en déficit en 2017 (de 1,3 milliard, contre 4,8 milliards dans le scénario défavorable). Autant de données que le patronat, qui milite pour la résorption des déficits, a mises en avant. Le négociateur du Medef, Jean-François Pilliard, a ainsi expliqué vendredi que tout organisme entrant dans la zone où son endettement dépasse ses recettes annuelles rencontre des difficultés à emprunter. Or l'Unedic abordera cette zone en 2016 ou 2017, si rien n'est fait.

Peu inquiets de ces déficits, les syndicats ont tout de même une réponse face à un patronat qui, lui, refuse toute hausse des cotisations. «Un point de cotisation chômage en plus, c'est 5 milliards d'euros de recettes pour l'assurance-chômage. C'est l'Unedic qui le dit», a rappelé Stéphane Lardy, le négociateur FO.

Reste que les documents de l'Unedic montrent qu'une baisse des droits, dont ne veulent pas les syndicats, rapporterait gros. Passer à un jour cotisé ouvrant droit à 0,9 jour indemnisé (au lieu de la règle actuelle du un pour un) ferait en effet économiser 1,2 milliard en 2017 à l'Unedic. Les données sur la durée sont également intéressantes. Alors que les chômeurs sont indemnisés deux ans et les plus de 50 ans, trois ans, les allocations versées au-delà d'un an atteignent 7 milliards par an et celles versées au-delà de deux, 1 milliard.

Mais les données de l'Unedic corroborent aussi la position du négociateur CGT, Éric Aubin, pour qui «ce qui coûte cher, c'est la précarité». Les dépenses liées à l'indemnisation des personnes auparavant en CDD dépassent les recettes de 5,4 milliards par an, le régime des intérimaires est déficitaire de 1,9 milliard et celui des intermittents du spectacle de 1 milliard. La CGT en déduit qu'il faut taxer les contrats courts, alors que le Medef veut inciter à la reprise d'emploi.

Enfin, les documents éclairent un des points majeurs de la négociation: la création des droits rechargeables. Pour l'Unedic, ce système assurant au chômeur de ne pas perdre de droits lors de la reprise d'un emploi coûterait de 320 à 880 millions par an, selon les modalités choisies. Une analyse contestée par la CFDT. De beaux débats en perspective jusqu'au 13 mars, date de clôture des négociations.


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