Le FMI s'alarme d'un ralentissement mondial généralisé

La crise de la zone euro et les difficultés budgétaires américaines sont les deux principales menaces pour l'économie mondiale, selon le FMI. Ce dernier a revu en baisse la totalité de ses prévisions de croissance par pays. Le PIB mondial ne progressera que de 3,3 % cette année.

 

Pas un pays n'y échappe. Les économistes du Fonds Monétaire International (FMI) ont revu, une nouvelle fois, leurs prévisions de croissance à la baisse. Quelques jours avant la tenue de l'assemblée annuelle de l'institution multilatérale, à Tokyo le week end prochain, la publication, mardi matin dans la capitale japonaise, des « perspectives économiques mondiales » ne laisse planer aucun doute. L'activité économique ralentit. Partout. Tant et si bien que la croissance du Produit Intérieur Brut mondial ne sera que de 3,3 % cette année et non plus de 3,5% comme espéré cet été. Pour l'an prochain il est prévu 3,6 % (contre 3,9 %).
Les grands pays industrialisés souffrent toujours d'une activité anémique, voire d'une récession. Que ce soit l'Italie, l'Espagne ou la zone euro. Nouveauté : les experts du Fonds ont sérieusement abaissé leurs pronostics concernant le Royaume Uni qui rejoindra le club des pays en récession cette année avec une baisse du PIB de 0,4% contre une hausse de 0,2 % espérée quelques mois plus tôt. Les pays émergents et en développement font exception à la règle d'une faible croissance. Globalement, la hausse de leur PIB devrait encore être conséquente (5,3 % au lieu de 5,6 %). Mais, que ce soit la Chine, la Russie, le Brésil et surtout l'Inde, l'activité économique subit le contrecoup de la mauvaise conjoncture des pays développés. Le ralentissement est palpable. Dans un tel contexte, il n'est donc pas surprenant de constater que le Fonds prédit aussi un recul de la croissance du commerce international cette année (3,2 % au lieu de 3,8%). Le ton est donné.

Des perspectives imprévisibles

Et les perspectives sont toujours aussi imprévisibles. Les experts de l'institution, comme à leur habitude, tentent bien de dresser les contours de la conjoncture à venir tout en sachant que l'évolution des événements peut rendre tout leur raisonnement caduc. Une nouveauté toutefois. Le ton est plutôt pessimiste. « La probabilité d'une croissance globale tombant sous les 2 % en 2013 -ce qui signifierait une récession des pays industrialisés et un sérieux ralentissement des marchés émergents et en développement -a progressé aux environs de 17 % contre 4 % en avril 2012 (...) », écrivent les économistes. Quelles seraient les causes d'un tel effondrement relatif. Le FMI en recense deux principales : la zone euro, à court terme ; les Etats-Unis, à moyen terme.
« La crise de la zone euro reste la menace la plus évidente pour les perspectives globales », souligne le rapport du Fonds. Tout en saluant les décisions qui ont été prises par les gouvernements de la zone euro et par la Banque Centrale Européenne, en particulier son programme d'achat de titre d'Etat, le FMI appelle à aller de l'avant. Non seulement il faut mettre en oeuvre les décisions qui ont été prises, notamment permettre au Mécanisme Européen de Stabilité (MES) d'intervenir dans le secteur bancaire et sur le marché des titres d'Etats souverains, mais le Fonds appelle à la mise sur pied effective de l'Union bancaire et d'une meilleure intégration budgétaire.

Fragmentation de la zone euro

Les économistes ne manquent pas non plus de pointer « les risques de hausse des tensions sociales » et de la montée d'une certaine « fatigue » des populations face aux efforts consentis du fait des politiques d'ajustements structurels des pays périphériques européens. Le FMI s'interroge même sur l'engagement réel des autres pays -l'Allemagne, la Finlande et les Pays-Bas implicitement -à une plus grande intégration européenne. Bref, le danger d'une plus grande fragmentation de la zone euro s'est renforcé. Et si la crise s'aggrave, il faudrait dès lors amputer de 1,75 % la production de la zone euro dans les douze mois à venir. Pour les pays périphériques, le recul serait d'environ 6%. L'impact sur les économies non européennes serai moindre mais réel (entre 1 et 1,5 %).
L'autre grande crainte du Fonds, un peu plus éloignée, concerne les Etats-Unis et ce qu'il est convenu d'appeler « la falaise budgétaire ». Si rien n'est fait au Congrès américain pour prolonger, remplacer, les exemptions fiscales accordées par l'administration Bush qui s'achèveront en janvier prochain, l'économie des Etats-Unis serait durement touchée. Les économistes d Fonds ont évalué à 3% du PIB l'effet du resserrement fiscal. Ce dernier plongerait inéluctablement l'économie américaine en récession. Avec un impact bien plus global puisque la confiance dans l'administration américaine en serait affectée. Une chute brutale de l'ensemble des marchés boursiers internationaux serait alors probable. Avec tous les effets négatifs que cela implique au niveau international. Ambiance

 Écrit par Richard HIAULT


 
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