Les exonérations fiscales siphonnent 36,3 milliards de DH

-Le plus gros bénéficiaire reste l’immobilier
-Par type d’impôt, la TVA en tête
-Les entreprises en profitent le plus
 
 Les montants des dépenses fiscales donnent le tournis. Celles qui ont été évaluées cette année totalisent  36,31 milliards de DH, soit une hausse de 11% par rapport aux 32,72 milliards de 2011.  Le rapport, qui accompagne le projet de budget, préparé par la Direction générale des impôts, fait ressortir l’importance de ces dérogations de l’Etat qui représentent 4,3% du PIB. Leur part dans les recettes des impôts, particulièrement l’IS, l’IR, la TVA et le droit d’enregistrement et de timbre, est estimée à 21,4% cette année. Ce qui est considérable dans un contexte marqué par la rareté des ressources et l’explosion des dépenses publiques. Ce même document a recensé 402 mesures fiscales dérogatoires. Ainsi, par impôt, c’est la TVA qui arrive en tête avec 39,6%. Pas moins de 115 mesures  dérogatoires évaluées pour un montant de 14,374 milliards de DH contre 13,821 milliards en 2011.
En matière d’IS, les dépenses fiscales sont estimées à 9,843 milliards de DH. Le plus gros de ces dépenses bénéficient aux entreprises, soit 8,526 milliards de DH dont plus de 4 milliards concernent les exportateurs. D’autres dépenses fiscales sont relatives à la réduction de 20% de l’IS pour les sociétés qui procèdent à une augmentation de leur capital social pour un montant de 985 millions de DH en 2012. Le rapport inclut l’exonération de l’Agence spéciale Tanger Méditerranée pour un montant de 913 millions de DH, soit 9,3% des dépenses évaluées en matière d’IS. Idem pour la réduction de l’IS à 15% pour les entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 3 millions de DH hors taxes pour un montant de 546 millions de DH. Au niveau de l’IR, ces dépenses sont de l’ordre de 3,981 milliards de DH dont plus de 2,2 milliards vont aux ménages. Les mesures dont le montant est supérieur à 100 millions de DH sont au nombre de 11 et participent à hauteur de 87,6% dans le montant total des dépenses fiscales évaluées en matière d’IR. Selon le rapport, les bénéficiaires de ces dépenses sont les agriculteurs. Dans ce secteur, l’exonération des bénéfices provenant des exploitations agricoles, qui court à fin décembre 2013, occasionne des dépenses estimées à 870 millions de DH (21,9% des dépenses au titre de l’IR). Les ménages en profitent aussi, essentiellement sur l’exonération des prestations servies au terme d’un contrat d’assurance vie ou d’un contrat de capitalisation dont la durée est au moins égale à 8 ans pour un montant de 309 millions de DH, est-il indiqué dans le document. A cela s’ajoute la déduction de 10% du revenu global imposable des intérêts normaux pour l’acquisition ou la construction de logement à titre d’habitation principale (256 millions de DH).
Pour les droits d’enregistrement et de timbre, les dépenses fiscales atteignent 5,676 milliards de DH dont 2,772 milliards de DH concernent les activités immobilières.
Les entreprises bénéficient de ces dépenses fiscales à hauteur de 60,5%, soit un montant de 21,971 milliards de DH. Elles sont suivies par les ménages (25,8%) pour 9,373 milliards de DH et les services publics (13,2%) pour 4,780 milliards de DH.
Le document fait ressortir la prédominance des dérogations au profit des activités immobilières. Celles-ci totalisent 6,317 milliards de DH contre 5,4 milliards en 2011, soit une hausse de 11%. Ces dérogations représentent 17,4% des dépenses fiscales évaluées en 2012. Celles qui concernent l’exonération de tous les impôts et taxes au profit des programmes sociaux en cours totalisent 2,552 milliards de DH dont 1,661 milliard pour la TVA, 502 millions pour l’IS, 330 millions pour les droits d’enregistrement et 59 millions pour l’IR.
Elles sont suivies par les activités liées à l’exportation dont les dépenses fiscales totalisent 4,389 milliards de DH (soit 12,1% de l’ensemble), dont plus de 4 milliards sont relatives à l’IS.
Pour les auteurs du rapport, les dérogations portent, soit sur l’assiette imposable, soit sur les taux d’imposition et certaines dérogations affectent la trésorerie de l’entreprise. Elles constituent un enjeu fiscal important. Elles occasionnent un manque à gagner pour le Trésor et leur effet sur le budget de l’Etat est comparable à celui des dépenses publiques. C’est pour cette raison qu’elles sont appelées «dépenses fiscales», «subventions fiscales» ou «aides fiscales». Selon le document, «l’objectif est d’assurer une meilleure transparence et de fournir un cadre favorable à la mise en œuvre des réformes du système fiscal». Les auteurs attirent l’attention sur l’approche méthodologique en matière de dépenses fiscales qui repose sur l’évaluation des régimes dérogatoires par rapport au régime d’imposition de base concernant les différents secteurs d’activités. Ainsi, la fiscalité locale et les prélèvements sociaux ne sont pas inclus dans le périmètre des dépenses fiscales. Cela s’explique par l’indisponibilité de leurs inventaires.
 
 Mohamed CHAOUI a l'économiste

 
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