Conjoncture économique: L’environnement international peu porteur pèse sur l’économie nationale

«Les derniers indicateurs conjoncturels augurent d’une évolution contrastée de la situation économique nationale. L’environnement international peu porteur a, visiblement, impacté certains secteurs dépendant de la conjoncture extérieure». C’est en gros les conclusions auxquelles sont arrivées les rédacteurs de la «Note de Conjoncture» de la Direction des Etudes et de la Prévision Financière (DEPF) du mois de septembre 2012. 

Il faut reconnaître que l’environnement international n’est pas des plus favorables. La croissance de l’économie mondiale se poursuit à un rythme modéré. Si des signes de reprise graduelle sont constatés aux Etats-Unis, la dégradation des économies de la zone euro inquiète. Selon les prévisions de la BCE, après une contraction du PIB de la zone euro, principal partenaire économique du Maroc, de 0,2 % au second trimestre 2012, la région devrait s’enfoncer dans la récession au second semestre de l’année en cours avec un recul du PIB de 0,4 % pour l’année 2012 et une légère reprise de 0,5 % en 2013, selon les projections de la BCE. Même au niveau des pays émergents, le ralentissement de la croissance, confirmé au second trimestre, devrait se poursuivre au troisième trimestre.
Partant, dans un contexte d’inflation modérée, la poursuite de l’assouplissement des politiques économiques s’avère nécessaire pour soutenir l’activité.
Outre le rythme modéré de l’évolution de l’économie mondiale, la conjoncture internationale est aussi marquée par une hausse des cours du pétrole et des produits agricoles. Pour le mois d’août, le prix moyen du baril du Brent de la mer du Nord  atteint 113 dollars, en hausse de 5 % depuis le début de l’année en cours. Les prix des céréales ont flambé récemment, suite à une dégradation des perspectives des récoltes consécutive aux sécheresses que connaissent les Etats-Unis et la région Mer Noire ainsi que la faible moisson en Inde. Du coup, les cours du blé on atteint leur pic annuel en août à 334 dollars la tonne, en hausse de 36 % depuis le début de l’année 2012 (34 % de hausse depuis juin dernier). Idem pour le maïs, dont les cours ont atteint un record historique de 332 dollars la tonne en août, en progression de 28 % depuis le début de l’année (24 % depuis juin).

Impacts sur les secteurs économiques
La conjonction d’un environnement économique international marqué par la récession du principal partenaire économique du Royaume, la zone euro, et la flambée des cours des produits agricoles et du pétrole, impacte négativement sur certains secteurs et fondamentaux de l’économie nationale.
Parmi les secteurs touchés par cet environnement difficile, il y a bien évidemment le tourisme, devenu, au cours de ces dernières années le premier pourvoyeur de devises du Royaume, grâce aux recettes de voyages. Le secteur subi les effets de la crise qui touche les principaux pays émetteurs de touristes vers le Maroc (France, Espagne, Italie, etc.) se traduisant par une légère baisse des arrivées et des nuitées dans les établissements d’hébergement classés. Le secteur du textile & cuir connaît lui aussi des difficultés résultant de la baisse des commandes au niveau des marchés européens. Ainsi, les exportations du secteur, qui représentent 17,8 % des exportations marocaines, ont connu un recul de 6,8 % au cours des 8 premiers mois de l’année.
Les contreperformances des secteurs de l’économie ayant accusé des baisses ont été, largement, contrebalancées par le comportement d’autres secteurs.
Ainsi, du côté des minières, malgré la baisse de la production de phosphate riche (-5,1 % à fin juillet) et la stabilisation de la production des dérivées de phosphates, l’activité à l’export du groupe OCP, qui pèse significativement sur la structure des exportations marocaine (avec une part de 27,2 %), a généré près de 32,6 milliards de dirhams à fin août, un montant en hausse de 5,8 % par rapport à la même période de l’exercice précédent.

Déficit commercial abyssal
Mieux, l’activité BTP a maintenu son évolution positive avec une hausse des ventes de ciments. Idem pour le secteur de l’électricité dont la production nette totale évolue à deux chiffres à 23 %  et les ventes d’électricité en hausse de 8,1 % à fin juillet. De même, les activités de télécommunications ont poursuivi leur dynamique globalement favorable, affichant une hausse du parc d’abonnés au mobile de 7 % et de celui de l’Internet de 60,3 % à fin juin 2012, compensant le recul du fixe (-5 %) fortement concurrencé par le mobile.
Le secteur de la pêche côtière et artisanale également s’est bien comporté avec une hausse remarquable de 43,3 % en volume et 8,4 % en valeur à fin juillet 2012. Cette évolution a été permise par la bonne tenue des débarquements de la sardine, en volume et en valeur.
Par ailleurs, et en ligne avec les indicateurs conjoncturels disponibles, la demande intérieure, tirée par la consommation des ménages, reflétée par la bonne tenue de la TVA intérieure de 4,7 % à fin août, demeure ainsi l’un des moteurs de la croissance.
Enfin, l’impact le plus visible de la conjoncture internationale et de l’envolée des cours du pétrole et des produits agricoles se fait sentir au niveau des comptes extérieurs. Au titre des 8 premiers mois de l’année, les exportations ont augmenté de 3,3 % et les importations de 4,7 %. La hausse de la facture des importations étant surtout le fait de la hausse des cours du baril de pétrole et de l’envolée des prix des produits agricoles, alors que le ralentissement des économies européennes impacte négativement sur la demande des produits marocains, notamment le textile & cuir, les composants, etc. Du coup, le taux de couverture des importations par les exportations s’amoindri très légèrement pour ressortir à 48,3 %. Pire, le déficit commercial, déjà abyssal, s’est aggravé de 7,4 milliards de dirhams en glissement annuel, pour ressortir à 128,6 milliards de dirhams. Le montant du déficit commercial dépasse de 8,7 milliards de dirhams le total des exportations marocaines. L’alourdissement du déficit commercial et les reculs des transferts des MRE et des recettes de voyages impactent négativement sur la balance des paiements et les réserves de devises du Royaume.
 LNT
 
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